Métier – Architecte

Être architecte, ce n’est pas un métier pépère ! Mais c’est une belle expérience humaine. J’ai la chance de concevoir des espaces à l’image de mes clients, pour qu’ils s’y sentent bien. Je fais partie d’un moment de leur vie.

Vous le savez sûrement, les études pour devenir architecte sont longues et demandent un grand investissement. Elles peuvent en décourager plus d’un, mais Marion est l’exemple même, qu’avec de la curiosité, de l’engagement et de la persévérance, on peut se donner les moyens d’y arriver.

Marion est surtout une amie sur qui je peux compter. Rigolote, sincère et bosseuse, je ne voyais pas d’autre personne pour mieux représenter ce Beau Métier !

Marion, tu es architecte, un métier connu de tous ! Peux-tu nous parler de la réalité de tes missions au quotidien ?

Le métier d’architecte est bien plus que ce que l’on peut imaginer aux premiers abords. Bien sûr il y a une partie conception et construction qui est très chouette. Mais il y a pleins d’autres facettes du métiers possibles.

Si je prends l’exemple de l’extension de la maison de retraite sur laquelle je travaille, voici comment se déroulerait le projet :

  • Rencontrer le client pour connaitre ses besoins
  • Vérifier les critères de faisabilité : analyser le contexte, est-ce une zone inondable, quels sont les critères de pollution, etc… ?
  • Retranscrire les idées en plans, puis échanger avec le maître d’ouvrage et parfois le confronter à la réalité de son budget
  • Rencontrer des intervenants extérieurs comme les pompiers pour assurer la sécurité en contrôlant les évacuations et les normes incendies, les services des impétrants pour les raccords sur les réseaux, ici des organismes spécialisés dans le bien-être de la personne âgée, etc…
  • Faire une demande de permis d’urbanisme auprès de la commune
  • Contacter des entrepreneurs pour faire des devis sur les besoins en matériaux quantifiés préalablement
  • Mettre en place le planning du chantier
  • Puis une fois par semaine environ, passer sur le chantier pour s’assurer que tout se déroule dans les règles de l’art ou pour discuter des points à faire évoluer ensemble.

J’ai l’impression qu’il n’y a pas de journée type en archi et que le métier varie selon les agences ?

Oui, selon que l’on exerce seul, en libéral, dans le public ou en agence ou même dans sa propre agence, le métier ne sera pas le même.

Le but d’un architecte est d’enrichir un lieu et de lui donner si possible une ambiance à ressentir.

Nous avons pour mission de créer aussi bien des Eglises, des maisons, des immeubles, des logements pour réfugiés, des bureaux ou commerces…

Mon idéal serait d’avoir des projets assez drôles comme construire un musée ou une chocolaterie. Les possibilités ne manquent pas !

Aujourd’hui, je fais partie d’une agence de 4 architectes. Nous avons chacun environ 7 projets en même temps, auxquels s’ajoute de l’administratif – nécessaire dans une petite structure.

Il faut donc savoir gérer son temps, s’organiser. Certains jours, je fais mille choses à la fois : à défaut d’être reposant c’est stimulant !

J’ai l’avantage de faire partie d’une agence qui existe depuis plusieurs années et qui est reconnue pour son professionnalisme.
Dans notre cas, nous répondons rarement à des appels d’offres ou des concours. Cela demande de débrayer quelqu’un et il n’y pas forcément de compensation financière.

Quel parcours scolaire as-tu suivi pour devenir architecte ?

J’ai toujours été une bonne élève, assez bavarde, rigolote, appréciée des profs !

Après un BAC Scientifique, j’ai rejoint l’ESAAT afin de faire une mise à niveau en arts appliqués. A l’époque, je savais que je voulais m’orienter dans un domaine artistique mais j’avais du mal à imaginer toutes les options – bien que j’ai effectué mon stage de 3ème chez un architecte d’intérieur. C’était une très bonne école de la vie. Je me suis ouvert l’esprit et enlevé les barrières en stimulant mon imagination tout en manipulant différents supports pour répondre à une demande.

Finalement, j’ai poursuivi par un BTS en design d’espace : événementiel, architecture d’intérieure et paysagisme. Malgré tout, à la fin, je ne me sentais pas prête pour la vie professionnelle.

Je me suis alors dirigée vers une école d’architecture !

Il y a 2 manières d’y rentrer : soit passer par les concours en France, soit intégrer une école en Belgique. En théorie, après un BTS design d’espace, on peut intégrer directement la 2ème ou 3ème année d’architecture en France. Dans la pratique, c’est tout autre.
Avec le BTS, j’avais acquis une certaine maturité, un esprit critique, qui se ressentaient surement dans mon book. Toutes les écoles auxquelles je l’ai envoyé m’ont refusé. D’ailleurs sur une promo de 30 personnes, seulement 2 ou 3 ont réussi à être acceptés en 2ème année.


J’ai alors choisi d’entrer en 1ère année à l’école Saint Luc à Tournai car l’admission était plus simple : pas de concours, pas de file d’attente. En revanche, les 5 années d’étude demandent énormément de travail et de persévérance. Beaucoup d’étudiants abandonnent dès la première année et peu réussissent sans bisser (redoubler en belge). Nous étions 500 dans ma promotion, et à la fin, nous n’étions plus que 60.   

Il faut donc être conscient que se lancer en archi, c’est vivre archi !

J’ai mis de côté une partie de ma vie pendant mes études ; que ce soit au niveau des relations que des loisirs, mais je ne regrette pas.

Comment as-tu vécu tes années en école d’archi ?

Déjà, avant d’y rentrer, j’étais séduite ! L’école Saint Luc est un architecturalement impressionnant et plein de vie (on l’appelle d’ailleurs Poudlard).

J’ai participé à des événements tout au long de mon cursus.

Par exemple, en 5eme année, j’ai organisé avec ma promo la JNDA, qui consistait à redonner vie à un lieu désaffecté. C’est un véritable chantier, animé par un festival, un défilé de mode, des expos, qui a déjà accueilli 5000 visiteurs !

Participer à ces manifestations à côté a vraiment été un plus dans mon parcours. Cela me permettait de décompresser, d’apprendre autrement et de renforcer les liens de la « famille archi ».

Pour l’aspect moins festif, nous avions des cours théoriques et des ateliers de projets.
Je travaillais tous les soirs et les weekends, car il faut continuellement se remettre en question pour aller plus loin dans la réflexion du projet.
Pour les cours théoriques, en dehors des rendus qui ponctuent l’année, il y a deux sessions d’examens et une de rattrapages après l’été.
C’était très prenant, mais c’est cela qui m’a donné confiance en mes capacités et une certaine ténacité !

Être architecte est un métier qui a plusieurs facettes et qui requiert de l’investissement et de l’organisation. Pour qui est fait ce métier ?

Hé oui, ce n’est pas un métier pépère !

J’ai beaucoup de responsabilités, d’interlocuteurs, et de projets en même temps.

Parfois les clients ne sont pas faciles et il faut savoir se faire entendre pour faire avancer les choses.

Toutes les compétences peuvent se développer avec l’expérience et les années, il ne faut pas s’inquiéter si on ne coche pas toutes les cases.

Selon moi, un bon architecte doit :

  • Être curieux, observateur, pour travailler son imagination.
  • Être à l’écoute : ce n’est pas un projet pour toi mais pour le client.
  • Être un bon communicant : savoir soumettre son point de vue, et faire prendre conscience des meilleures options.
  • Être créatif : toute l’étape de recherche se fait au dessin à la main, et ensuite il faut retranscrire sur des logiciels informatiques.
    Nous sommes formés en école, mais j’ai surtout appris sur le tas. Et puis cela dépend aussi de ce qu’utilise l’agence.
  • Savoir s’adapter, être flexible, se remettre en question.

Aujourd’hui, pourquoi es-tu heureuse d’être architecte ? Quels sont les impacts que tu as et qui te motivent ?

Être architecte, c’est un peu comme les montagnes russes. Certains projets capotent, ne sont pas menés à termes et il faut faire un pas de côté et ne pas prendre personnellement les échecs. 

Je me souviendrai du premier client qui est venu me voir. J’étais très fière de ce que j’avais proposé et il a adhéré tout de suite aux idées qu’il n’avait pas du tout envisagé.

Être architecte, c’est aussi une expérience humaine. Nous concevons des espaces, à l’image de nos clients, pour qu’ils s’y sentent bien.

C’est très gratifiant de savoir que nous impactons directement le quotidien des personnes qui habiteront dans nos projets. Nous faisons partis d’un moment de leur vie.

Ce que je préfère dans mon métier, ce sont toutes les petites victoires du quotidien, lorsque nous voyons l’aboutissement et les retours positifs de nos clients !