Nous pouvons tous avoir un petit impact à notre échelle. Il ne faut pas culpabiliser. Tout s’apprend, petit à petit.
Trier & recycler sont deux actions qui entrent aujourd’hui dans les habitudes des français mais qui ne sont pas forcément évidentes pour nous tous.
Il est estimé que seulement 20 à 30% des déchets plastiques sont recyclés dans les grandes villes.
Des entreprises comme Yoyo, sont convaincues qu’il est possible de prendre le problème à bras le corps et d’inventer des solutions innovantes pour optimiser la collecte dans les villes.
Objectif : 100% de matières recyclées en 2025 !
Comment ? En engageant les communautés dans le recyclage de leurs déchets.

Je suis alors partie à la rencontre de Mélanie, City Manager chez Yoyo, dans la ville de Bordeaux. Mélanie est une personne humaine, à l’écoute. Elle est très investie personnellement dans la recherche de nouvelles manières de mieux consommer.
Dans son métier de City Manager, son objectif est de construire une communauté qui recycle, pour sensibiliser et engager un maximum de personnes. Elle endosse de multiples casquettes: chef de projet, logistique, événementiel, marketing, manager, etc…
Le parcours de Mélanie s’est construit au fil des expériences et des voyages! Elle a appris que ce qu’elle souhaitait, c’était de valoriser les gens, tout en ayant un impact sur l’environnement.
Mélanie, raconte nous ton parcours avant de devenir City Manager?
Lorsque j’étais au lycée, je n’avais pas d’idée de ce que je voulais faire. C’est très difficile à 17 ans d’avoir une vision claire des domaines qui existent et qui nous attirent.
Mécaniquement, je me suis orientée vers une école de commerce. J’ai eu l’occasion de faire les visites des écoles avant de postuler, et j’ai eu un gros coup de cœur pour Lille et l’IESEG.
J’ai intégré cette école post-bac et j’en garde un très bon souvenir ! L’enseignement était concret et j’ai eu la chance de partir à l’étranger plusieurs fois.
Je suis partie à Taïwan en 3eme année, et au Brésil en Master. Les expériences étaient totalement différentes mais ces deux voyages m’ont ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Au Brésil, j’ai réussi à m’impliquer dans des associations locales malgré la barrière de la langue. J’étais bénévole auprès des jeunes et enseignais le français et la musique.
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je voulais m’orienter vers des projets à impact.
De retour en France, j’ai intégré le programme incubateur de talents d’ADEO. Ma mission était d’accompagner des collaborateurs à lancer des projets en interne.
J’ai enchaîné avec un mémoire qui visait à comprendre si une entreprise qui a pour but d’être pérenne pouvait avoir un impact social et environnemental.
J’étais alors lancée, j’avais trouvé ce que je voulais faire : donner du sens dans mes missions en travaillant dans un secteur d’activité qui me permette d’avoir un impact.
J’ai eu envie de faire un projet fou avant de commencer dans le monde du travail : faire un tour de France en vélo pour partir à la rencontre de jeunes entrepreneurs. Notre but : trouver de l’inspiration et comprendre comment concilier pérennité et impact.
Nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entreprises sont limitées dans leurs évolutions à cause du manque de financements. Mais c’était une expérience géniale, j’ai rencontré des personnes inspirantes qui avaient de la flexibilité, la liberté et surtout une grande motivation pour bouger les choses.
Cette positivité m’a donné une énergie folle pour agir !
C’est top d’avoir pris le temps de réaliser un rêve personnel avant de travailler ! Comment s’est passé ton retour ?
Après cette expérience, j’ai décidé de m’installer à Londres, et « entrer dans le monde du travail ». J’avais soif d’apprendre et de me former. J’avais des projets excitants mais il me manquait quelque chose : une entreprise en phase avec mes valeurs.
Nous avons alors pris la décision avec mon copain de partir à Bordeaux. Sans boulot, ni appart, avec seulement notre van aménagé !
On voulait un équilibre de vie qui nous permettait de concilier nos projets professionnels, nos engagements personnels, et notre passion pour l’océan et les sports de glisse.
Les débuts ont été plus difficile que ce que j’imaginais, Bordeaux est une ville en plein développement mais qui n’offre pas les mêmes opportunités professionnelles que Londres ou Paris. Après quelques missions en freelance, j’ai fini par trouvé LE projet qui cochait toutes les cases et j’ai donc rejoint Yoyo en tant que City Manager.
Quelle est la mission de Yoyo ?
Lorsque Yoyo a été créé en 2017, nous sommes partis du constat que c’est dans les villes que l’on consomme le plus et pourtant recycle le moins.
Pourquoi ?
- Les habitants n’ont pas les bons outils pour faire le tri
- D’autres ne savent pas comment faire, ou n’ont pas la motivation
- Ou encore, ne sont pas conscients des impacts sur l’environnement.
Il y a donc un travail d’éducation à faire pour ancrer l’habitude de tri dans la vie de tous.
Yoyo, répond donc à ce problème, en proposant une plateforme collaborative, qui met en œuvre des solutions de tri innovantes et efficaces, pour donner une seconde vie à tous les recyclables. Nous plaçons l’habitant au cœur du dispositif en créant des communautés de coachs aux tri, formant des trieurs. Chaque trieur est sensibilisé à mieux consommer grâce à la mise en place de récompenses : tels que des produits éco-responsables, des accès à la culture, etc… Les trieurs rapportent les bouteilles plastiques dans un sac Yoyo à leur coach, qui leurs accorde des points à échanger contre des récompenses.
Nous avons vraiment à cœur d’engager les populations à trier, en les rendant acteurs et fiers de leurs accomplissements.

Tu es City Manager chez Yoyo. En quoi consiste ce métier ?
En tant que City Manager, je gère une multitude de projets aussi bien stratégiques, qu’opérationnels, sur la ville de Bordeaux.
Mon objectif est de construire la communauté de coach et de trieurs, pour sensibiliser et engager un maximum de personnes. Cela se traduit par les missions suivantes :
- Etre en contact avec les élus de la ville et de la métropole de Bordeaux, des entreprises, afin d’établir des financements et des plans de déploiement
- Organiser des événements pour sensibiliser et mobiliser de nouveaux trieurs
- Intervenir dans des écoles et associations pour expliquer l’importance du tri aux jeunes, toujours de manière positive et ludique
- Gérer la logistique de tri dans la ville
- Mesurer l’impact, le nombre de personnes sensibilisées et le tonnage des articles triés puis recyclés
As-tu un exemple de projet que tu as mis en place pour sensibiliser les habitants ?
Oui, cet été, j’avais organisé une journée découverte sur comment recycler et consommer différemment, dans un quartier précaire de Bordeaux.
Nous voulions réunir les habitants autour de stands, avec des activités aussi bien sportives qu’éducatives. Nous passons beaucoup par les enfants pour faire passer aux parents des messages.
Les voir ramasser des bouteilles dans les rues pour récupérer leurs points me fait super plaisir. Je vois alors que nos efforts fonctionnent et que nous avons un impact !

Quels sont justement les impacts que tu as dans ton métier ?
Ce qui me plait chez Yoyo, c’est que nous sensibilisons des personnes de milieux différents. Nous accompagnons des personnes qui ne trient pas et qui petit à petit prennent conscience de l’importance de ce geste.
C’est très gratifiant et valorisant de voir sur le terrain que nous gagnons la confiance des locaux. Certains organisent eux-mêmes d’autres événements dans leur quartier pour à leur tour sensibiliser leur entourage.
Ce qui m’anime c’est également de travailler en parallèle sur la thématique de réduction des déchets, qui est l’étape d’après mais essentielle pour la survie de nos éco-systèmes !
Quels sont les conseils que tu donnerais à quelqu’un qui voudrait faire ton métier ?
Il est important de trouver la cause qui nous anime.
Je me suis toujours intéressée à la protection de l’environnement, et bien que chez moi je fasse attention, je n’étais pas particulièrement investie sur les thématiques de recyclage ou réduction.
Intégrer Yoyo m’a ouvert des portes et permis d’adopter de nouvelles manières de consommer : je me déplace maintenant en vélo et je fais mes courses dans des épicerie locales. J’en parle également à mon entourage pour faire prendre conscience de l’importance du tri.
Mes conseils pour quelqu’un qui voudrait commencer :
- Réfléchir aux causes qui nous tiennent à cœur et à l’environnement de travail dans lequel nous voulons évoluer
- Etre pro-actif et s’investir dans des associations/ projets locaux : aller ramasser des déchets, participer à des cafés-rencontres, parler aux acteurs
- Rester en veille sur les sujets du recyclage, les dispositifs, les projets de lois, etc.
Pour conclure, il ne faut surtout pas culpabiliser des efforts que nous faisons ! Chacun peut agir à son échelle et avoir un impact 🙂