Métier – Professeure d’EPS

J’ai toujours aimé aider les autres et enseigner le sport est un moyen de rendre l’autre meilleur.

Dans ce portrait, nous partons à la rencontre d’Anaïs, professeur d’EPS dans un lycée professionnel.

Anaïs en est convaincue, les activités sportives permettent non seulement de rester en bonne santé physique et mentale, mais c’est également un moyen de transmettre des valeurs de savoir-être dans notre société.

Passionnée de sport depuis toujours, devenir professeure n’était pas une évidence au début.

Elle a rencontré quelques obstacles sur son parcours, mais a toujours su rebondir et agir pour réussir.

Aujourd’hui, Anaïs est très épanouie dans son métier.

Avec les années, elle gagne en expérience et trouve son style d’enseignement, qui lui permet d’aider les jeunes à progresser et se construire.
En les accompagnant, elle sait qu’elle peut avoir un véritable impact dans leur vie.

Et tout ça, grâce aux valeurs du sport.

Anaïs, le sport fait partie de ta vie depuis toujours. Comment as-tu commencé ?

Je baigne dans le sport depuis très jeune. A 2 ans et demi, ma maman m’avait inscrite au baby gym. Puis c’est devenu une passion. Au collège, je passais environ 10 heures par semaine dans le gymnase, à préparer des compétitions.

Mais au lycée, j’ai dû ralentir le rythme après une blessure (et aussi pour me préparer mon BAC ;)). J’ai toujours été une bonne élève, chouchoute des professeurs d’EPS! En année de première, j’ai choisi de faire un BAC S. J’ai alors connu les fonctions intégrales et j’ai vite déchanté !

Travailler dans le domaine sportif n’était pas une évidence pour moi. Au début, je voulais devenir médecin, puis kiné, pour mettre des étoiles dans les yeux de ma maman.

J’ai commencé les études de médecine. Au bout de 2 mois, je me suis rendu compte que je ne tiendrai pas l’année. J’avais déjà dû arrêter le sport et je commençais à déprimer.

J’ai pris mon courage à 2 mains, rassemblé tous les documents administratifs et j’ai dit à ma maman : je pars m’inscrire au STAPS.

Sur place, à l’université, je rencontre la directrice des premières années et elle me dit alors que c’est impossible, qu’il n’y a plus de place. J’ai fondu en larme devant la directrice. Elle m’a alors aidé à intégrer une autre université, à Sénart. Je ne savais même pas où c’était mais j’ai dit oui tout de suite !

Je passais 5 heures par jour dans les transports. J’étais heureuse de faire ce que je voulais !

Comment se sont passées les études en STAPS ?

J’ai tout de suite adoré !

Il y a beaucoup de voies possibles en STAPS. Je m’étais inscrite pour rentrer en kiné. Mais malheureusement, ils prenaient 7 personnes dans ma promo et je suis arrivée 11ème.

Quoiqu’il en soit, les cours étaient passionnants, je m’éclatais. Je n’étais pas juste là pour faire du sport, j’étais très intéressée par le corps et son fonctionnement, puis par des matières comme la psychologie, l’anatomie, la sociologie, etc.

En licence, j’ai fini par choisir la spécialisation APA : activité physique adaptée. Le but était d’aider les seniors à faire des activités sportives, en adaptant la pratique à leurs problèmes liés au vieillissement : arthrose ou maladie cardiovasculaire par exemple.

Je me suis passionnée pour l’accompagnement de la personne par le sport. J’ai toujours aimé aider les autres et le sport est un moyen de rendre l’autre meilleur.

Ensuite, poussée par l’envie de poursuivre une formation, j’ai passé le concours du CAPEPS pour devenir professeur d’EPS.

Je savais que le concours était difficile : 800 places pour 3000 candidats.

Mais je me suis dit qu’il fallait tenter et je l’ai eu !

Aujourd’hui, tu es prof d’EPS dans un lycée professionnel. Au-delà de l’enseignement du sport, tu as un véritable impact sur le développement de tes élèves. Peux-tu nous raconter en quoi consistent tes missions au quotidien ?

J’ai choisi d’être professeure dans un lycée pro après mon année d’enseignante stagiaire. J’aime mes élèves et l’atmosphère de l’école. Pour eux, l’apprentissage sportif est secondaire. Ma mission principale est de faire d’eux des meilleures personnes :

« Le professeur d’éducation physique et sportive a pour mission d’initier les collégiens ou les lycéens à la théorie et à la pratique de plusieurs disciplines sportives et ainsi de former des citoyens lucides, autonomes, physiquement et socialement éduqués, dans le souci du vivre ensemble. »

Le sport va être le support du cours. J’ai le devoir de développer leur culture sportive aussi bien théorique que pratique. Mon objectif est de leur faire prendre conscience que leur santé physique, sociale et mentale sont primordiales.

Mon métier ne s’arrête pas devant une classe. Contrairement à ce que nous pouvons penser, le métier de prof d’EPS est très prenant si nous nous impliquons. Plus je donne et j’écoute, plus je m’éclate ! Il ne faut pas avoir peur de s’engager.

Je suis professeure principale. Je mets aussi en place des projets de relaxation et je m’investis dans celui de remobilisation. Ce dernier consiste à donner une seconde chance aux élèves méritants qui n’ont pas la chance d’être dans une structure scolaire. Je les aide alors à construire leur projet professionnel.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton métier ?

Les élèves que j’accompagne n’ont pas des vies faciles.

  • Ce que j’aime, c’est pouvoir les guider, avoir vraiment un impact sur leur vie. Il y a des élèves dont je croise le chemin, à un moment de leur vie où ils en ont besoin. Je vais les aider à trouver un logement, une orientation ou bien les sortir d’un cercle de violence. Je sais que si je suis présente pour eux, à ce moment-là, alors j’aurais eu un impact sur leur vie.
  • Ce que j’aime dans l’enseignement de l’EPS, c’est qu’elle permet d’amener les élèves à être de bons citoyens à travers les règles de jeux. J’essaie de leurs inculquer les valeurs de notre société, de la république. Peut-être plus qu’une autre matière. Par exemple, s’ils s’investissent, s’ils s’encouragent, s’ils se donnent les moyens de progresser, je les récompense. A l’inverse, s’ils sont irrespectueux ou violents lors d’un match, je prends le temps pour revenir sur leurs comportements. Il faut qu’ils comprennent leurs erreurs. Toutes les émotions positives ou négatives qui résultent de leurs actions, j’essaie de leurs en faire prendre conscience pour qu’ils comprennent pourquoi il faut agir d’une façon et pas d’une autre pour mieux s’intégrer/s’épanouir dans notre société actuelle. Cela leur servira plus tard : pourquoi il faut être à l’heure au travail, pourquoi il faut communiquer et non être violent, etc…
  • Ce que j’aime, plus que la performance, je leurs apprends à se dépasser, à gagner en confiance et à devenir une meilleure version d’eux-mêmes.

Est-ce qu’il y a une cause que tu défends dans ton métier et qui te tient particulièrement à cœur ?

En tant que femme, je dois faire face à des stéréotypes parfois bien ancrés. Depuis toujours, il existe des barèmes et des activités différenciés entre les hommes et les femmes.

Nous manquons de professeures d’EPS femmes. Et certains élèves, de part leur éducation, leur vécu et leurs représentations, perçoivent la femme comme moins performante. J’ai des élèves qui pensent, par exemple, que je suis moins bien payée que mon collègue qui est un homme, ou que j’ai fait moins d’études.

J’avais beaucoup à leurs prouver. Mais avec l’expérience, je noue avec mes élèves une relation de confiance et je réussis à changer leur façon de penser. Le sport et les règles du sport (et aussi ma grande répartie !) leur ont fait prendre conscience pour certains qu’il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes.

Cela fait maintenant 3 ans que j’enseigne dans ce lycée. J’ai vu mes élèves grandir et je les ai accompagnés, même si cela était difficile parfois pour moi. Je commence à voir le rayonnement de tous mes efforts et c’est très gratifiant !

Aurais-tu un souvenir à nous partager ?

Je me souviens lorsque j’étais devant ma première classe, c’était très dur ! J’ai dû trouver mes marques.
Chaque classe est différente. Il faut savoir adapter nos façons d’enseigner. Certains élèves sont réceptifs aux récompenses, à la compétition, ou encore à la performance. D’autres ne travailleront que sous la menace.

Je mets constamment en place des stratégies pour les impliquer tous au maximum et le plus possible et bien sur les faire grandir !


J’apprends à observer, écouter, me mettre à leur place pour ensuite pouvoir les corriger.

Certains élèves ont un passé difficile, et c’est notre devoir de leur montrer que dans leur école, ils peuvent avoir confiance en nous.

Quels sont tes bons conseils pour réussir en tant que professeure d’EPS ?

Trouver sa vocation n’est pas si simple. Il faut savoir écouter ses propres envies et pas celles des autres.

Si tu penses qu’une carrière est impossible, essaie avant ! Il faut tenter, qui sait, avec de la détermination, on peut y arriver ! 

Pour réussir, voici mes conseils :

  • Etre passionné et investi
  • Être patient, à l’écoute, capable de s’adapter
  • Aimer le public, car on retrouve toujours des gens qui n’aiment pas les activités sportives
  • Proposer toutes les activités sportives aux élèves, quelle que soit notre passion : cela fait leur richesse !
  • Persévérer et continuellement apprendre : plus les années passent et plus je trouve mon style d’enseignement.
  • Continuer de me former par le biais de stages ou de petites formations. Tous mes élèves sont différents, et savoir comment les accompagner me fait gagner en expérience.