Métier – Directeur France – Diversité & Inclusion

Connaissez-vous l’inclusion en entreprise ?

C’est un terme de plus en plus plébiscité, et pourtant encore assez flou !

L’inclusion vise à prévenir des situations de discriminations comme les inégalités hommes/femmes, le handicap, les maladies et la santé mentale, le racisme, etc.

Cette notion est de plus en plus intégrée dans l’engagement social des entreprises. Beaucoup sont en effet plus soucieuses de promouvoir un environnement de travail sain et serein. Les enjeux sont variés : améliorer la cohésion des salariés, encourager l’empathie et favoriser le dialogue.

Pour ce nouveau portrait, je vais vous présenter Cédric.

Depuis quelques mois, il a décidé de prendre un virage à 360 degrés et de se lancer dans une aventure : le développement de l’entreprise TLC Lions en France.

Son parcours est atypique, après des années passées en finance dans l’industrie pétrolière, il a eu envie de remettre du sens dans son métier.

Aujourd’hui son métier consiste à aider des entreprises à créer un environnement de travail plus inclusif, plus empathique et donc plus productif grâce au pouvoir d’histoires inspirantes.

Il rencontre des conférenciers aux parcours extraordinaires et n’a qu’une seule envie : partager et aider les gens à prendre soin de leur santé mentale.

Cédric, tu as un parcours peu banal ! Raconte-nous quelles sont les expériences que tu as vécues et les choix que tu as faits ?

Né à Paris, j’ai grandi toute mon enfance en région parisienne.

En terminal, je n’avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire. Mes parents étaient enseignants tous les deux, et moi je n’avais pas de vocation particulière.

Venant d’un très bon lycée, la perspective de ne pas faire de classe préparatoire n’était pas envisageable pour mes professeurs.

Je me suis alors dirigé vers une classe préparatoire en économie.

Ce fut la première décision déterminante de ma carrière. L’unique raison de ce choix était que les mathématiques, la géopolitique ou les langues, me plaisaient. Mais ce n’était pas un choix réfléchi, je n’avais aucune idée d’où cela pouvait me mener.

J’ai réussi à intégrer l’école de commerce NEOMA. J’ai beaucoup aimé la dimension internationale. J’ai vécu au Kazakhstan, travaillé à Monaco et à Francfort.

Une fois mon master en Finance en poche, j’ai donc voulu partir à nouveau travailler à l’étranger.

J’ai tout misé sur un V.I.E = Volontariat International en Entreprise. C’est probablement la façon la plus simple de réaliser une expérience à l’étranger lorsqu’on est jeune diplômé.

Je suis tombé sur une offre chez Total à Berlin, mais très orientée ingénieur. J’ai tout de même postulé en leur disant que si d’autres postes correspondant à mon profil s’ouvraient, je serais disponible. Quelque temps plus tard, Total me rappelait pour me proposer un V.I.E à Berlin. Il ne faut pas hésiter à oser.

Notre rôle consistait à marketer les produits pétroliers qui sortaient de nos raffineries allemandes. Le mien, en particulier, était de développer des instruments financiers.

TOTAL m’a offert un CDD après mon VIE. Mais Rosneft, major pétrolière russe qui démarrait ses activités en Allemagne, est venue me chercher en me proposant un CDI que j’ai accepté. J’y ai travaillé pendant presque 3 ans dans l’optimisation logistique et la mise en place d’outils SAP. 

J’ai passé 5 années formidables, beaucoup appris dans un secteur complexe et passionnant. Différentes opportunités m’ont mené là, une première expérience en Exploration et Production puis un premier stage en Allemagne. 

Mon métier résultait de concours de circonstances qui m’ont conduit dans un secteur de niche à faire de la logistique en raffinerie pour une major russe à Berlin. J’avais saisi toutes les portes qui s’étaient ouvertes à moi, sans trop réaliser où j’allais.

Quels sont les questionnements qui t’ont amené à une reconversion ?

J’ai commencé à me poser des questions sur moi, sur mon temps et sur le sens de mon travail.

À l’époque, je m’en voulais de ne pas consacrer mon temps et mon énergie à des causes vraiment impactantes pour nos sociétés.

Mes attentes professionnelles ont commencé à changer.

Je m’intéressais de plus en plus à la diversité, l’inclusion, à la santé mentale avec les risques psychosociaux que nous pouvons rencontreren entreprise.

En juillet 2020, avec ma femme, nous avons décidé de quitter définitivement Berlin, de partir faire un roadtrip en Amérique Latine avant de rentrer définitivement en France pour s’engager dans des projets qui ont du sens à nos yeux.

La COVID-19 est venue bouleverser nos plans de voyage, nous pouvions donc dès notre retour nous investir dans de nouveaux projets professionnels. À ce moment-là, Gian, mon ancien colocataire à Francfort me propose un projet à des lustres de mon parcours : lancer son entreprise TLC Lions sur le marché français.

Quelle est la mission de TLC Lions ?

TLC Lions s’engage auprès des entreprises pour créer un environnement de travail plus inclusif, plus empathique et donc plus productif, grâce au pouvoir du storytelling.

Notre mission : libérer la parole en entreprise. Nous accompagnons les entreprises dans leur stratégie d’Inclusion, de Santé Mentale et de Développement des Talents, avec un partenariat stratégique de 12 mois, en partageant des témoignages de personnes ordinaires, avec des histoires extraordinaires et du contenu digital.

Notre objectif est double: sensibiliser sur des sujets essentiels tels que le burn-out, le handicap, les discriminations, la neurodiversité et bien d’autres grâce aux témoignages et aider les employés à raconter leur propre histoire en toute confiance. Le témoignage suscite l’empathie, la capacité à s’identifier à ce que ressent l’autre, et l’empathie est un prérequis à l’inclusivité. Raconter notre histoire ne nous rend pas moins professionnel, cela nous rend simplement plus humain. 

Comment est né TLC Lions ?

J’étais très ami depuis 2013 avec Gian, le fondateur de TLC Lions. En 2015, son papa, la figure la plus emblématique de sa vie, est parti en Inde pour un voyage d’affaires. Il n’en est jamais revenu.

À cette époque, Gian s’est retrouvé à faire le tour des plateaux TV et a participé à une investigation internationale pour meurtre. C’était la période la plus difficile de sa vie.

Il y a plusieurs choses qui l’ont aidé à se reconstruire : des collègues bienveillants, puis des personnes qui ont partagé leurs propres histoires et qui ont réussi à rebondir.

À cette époque, il a acquis 2 grosses convictions :

  • Il est nécessaire d’avoir un espace professionnel inclusif et empathique.
  • Il faut offrir une estrade à tous ces gens qui partagent leurs histoires, car une histoire est plus percutante que des faits et peut vraiment résonner.

Gian a travaillé avec des chercheurs pour voir confronter ses convictions à la science et c’est ainsi que TLC Lions est né en Angleterre.

Aujourd’hui, tu lances TLC Lions en France, peux-tu nous expliquer ton métier ?

Avant de commencer cette aventure, j’ai d’abord réalisé une étude de marché. Les retours étaient très positifs, donc je me suis lancé !

Aujourd’hui, je gère seul la mise en place du projet français, en tant que country manager.

Mes journées sont remplies de nouveaux projets comme :

  • Donner le maximum de visibilité à notre travail
  • Recruter des intervenants
  • Réfléchir à la stratégie et aux plans de communication adaptés au marché français
  • Communiquer auprès de nos prospects, et sur les réseaux sociaux
  • Organiser des évènements, des conférences
  • Gérer le back-office…

Je suis quotidiennement en contact avec les équipes anglaises. J’ai beaucoup d’autonomie et de responsabilités, mais je bénéficie également de l’appui de mes collègues à l’international !

As-tu un exemple d’un accompagnement d’une entreprise dans sa stratégie d’inclusion ? Comment cela se déroule-t-il ?

Tout d’abord, la première phase est celle du recrutement des intervenants. Nous travaillons avec des personnes qui ont un parcours incroyable et qui ont fait preuve de résilience à un moment dans leur vie.

Par exemple, Hamou Bouakkaz est aveugle de naissance. Il est l’un des rares élus politiques français porteurs d’un handicap. Depuis toujours, cette différence est une force. Hamou est persuadé que le handicap fait avancer la société et augmente le champ des possibles. Responsable associatif, conférencier-formateur, il n’a qu’une mission, celle de transmettre son sens des autres.

Ensuite, nous accompagnons des entreprises dans leur stratégie d’Inclusion, de Santé Mentale et de Développement des Talents.. Notre partenariat de 12 mois s’articule autour:

–   Des interventions de nos Lions (les storytellers) : généralement entre 4 et 12 par an, aussi bien lors de journée de sensibilisation en fonction du calendrier international, autour d’une thématique particulière toute l’année ou autour des valeurs d’un groupe pour les illustrer grâce à des témoignages. 

–   Du contenu digital : entre chaque intervention, des vidéos, des conseils et des leçons sont mis à disposition des salariés pour relater les faits marquants et leurs donner des pistes de réflexion.

Notre mission principale est de libérer leur parole sur des sujets d’inclusion et de diversité. Notre prochain challenge sera d’aider les salariés à parler de leurs propres histoires s’ils en ont besoin.

L’inclusion est un sujet encore flou, pourtant de plus en plus une priorité pour les entreprises. Quels sont les principes à mettre en place pour qu’une politique d’inclusion soit efficace et acceptée par les salariés ?

Les sujets de l’inclusion, de la diversité, ou encore du storytelling, peuvent être connotés comme des démarches fausses de la part des entreprises pour beaucoup de personnes.

Bien que peu d’interrogations aient été soulevées depuis la création de TLC Lions, c’est aujourd’hui le plus grand obstacle que nous pourrions rencontrer à notre expansion. J’ai posé la question à un conférencier, qui a plus de 300 conférences à son actif. Pour lui, l’authenticité est la clé de l’acceptation et donc de la réussite. Lorsqu’une histoire est vraie, touchante et prenante, le public ne peut qu’être réceptif.

La force des témoignages de nos intervenants est qu’ils mettent en lumière des histoires faites de résilience, auxquelles chacun peut s’identifier et tirer des leçons. Nous ne sommes pas dans des shows à l’américaine. Nous accompagnons les entreprises sur la durée dans le but d’améliorer l’environnement professionnel.  

Que souhaites-tu dire aux jeunes qui se posent des questions sur leurs carrières ?

Maintenant, tout est possible. Passer d’une entreprise pétrolière au sujet de l’inclusion, je n’y aurais pas cru il y a quelques mois.

Entreprendre, se reconvertir sont des choix de plus en plus acceptés. Nous sommes conscients que l’équilibre entre une vie professionnelle et privée devient une priorité pour beaucoup.

Je suis très content d’avoir fait le choix de travailler dans un domaine qui a du sens. C’est challengeant et me sort de ma zone de confort !

Si nous avons la stabilité financière, il ne faut pas hésiter à suivre ses envies et se lancer, sans chercher d’excuses. Si nous ne prenons pas ce genre de décisions, qui le fera ?

Les bons conseils de Cédric pour choisir son métier :

  • Il faut désacraliser le fait de ne pas avoir d’idée de métier ! Une carrière sera faite de plein de métiers différents et se construira au gré des opportunités ! Il y a donc une part d’aléatoire et de chance ! Il faudra faire des choix rapides, intelligents et raisonnés pour prendre les bonnes portes qui s’ouvrent à nous.
  • Comme l’a dit Yuval Noah Harari, l’auteur du livre Sapiens, « nous n’avons aucune idée de ce à quoi ressemblera le monde en 2050 » et « la plupart de ce que les enfants apprennent aujourd’hui sera inutile en 2050». Ce qui est très important est donc d’apprendre très tôt à s’adapter aux changements et aux imprévus.