L’imagination est plus importante que la connaissance
Albert Einstein
La créativité est accessible à tous ! Elle n’est pas réservée à ceux qui s’y connaissent en arts, loin de là.
Être créatif, c’est faire passer des messages, interpeller, raconter une histoire, se mettre à nu, s’identifier.
Pour ce nouveau portrait de métier, j’ai voulu rencontrer quelqu’un qui se sert de sa créativité dans son travail.

Blandine est illustratrice et directrice artistique à son compte. Ses réalisations sont colorées, chaleureuses et inspirantes ! Au fil des années, elle a su construire un univers reconnaissable, à son image. Vous avez peut-être déjà croisé ses dessins dans Psychologie, Glamour, le Chocolat des Français, Label Chaussette…
Blandine a la chance de vivre d’un métier qui la passionne. Elle est reconnue pour son identité graphique, pour ses personnages et ses illustrations végétales, qui nous font voyager.
Son pouvoir : nous transporter dans un monde inspirant.
Blandine, raconte-nous, qui est la personne qui se cache derrière ces illustrations ?
Tout d’abord, je suis quelqu’un d’optimiste. J’essaye de ne jamais me laisser abattre et ma bonne humeur l’emporte toujours !
Je suis tout le contraire d’une grande gueule (on pourrait plus communément me qualifier de timide aussi ;)).
J’ai commencé à dessiner quand j’étais petite. Je recopiais des BD, des dessins que j’aimais bien.
Lorsque j’étais au lycée, je n’avais pas d’idée précise de ce que je voulais faire. Je pensais m’orienter vers la médecine, sans grande conviction. Alors je me suis dirigée vers une terminale scientifique. Cependant, plus le temps passait, plus je me disais que je voulais faire un métier artistique.
Mais les métiers du graphisme m’étaient inconnus. Le seul métier que j’avais en tête était celui d’architecte d’intérieur.
Je suis donc entrée dans l’école Penninghen, dans l’optique de faire architecte d’intérieur.
Penninghen est une très bonne école. Comment se sont passées tes études ? Qu’y as-tu appris ?
C’est une école d’arts graphiques et d’architecture d’intérieur à Paris.
La première année est une année préparatoire, commune aux deux domaines. Elle est réputée pour être difficile et rigoureuse. Mais pour ma part, ce fut une très belle expérience. J’aimais les matières, j’apprenais à dessiner, à peindre. J’étais dans mon élément.
Je n’avais jamais pris de cours de dessin avant d’y entrer. En suivant avec rigueur les apprentissages, en travaillant avec régularité et assiduité, tous les profils peuvent prétendre à passer en deuxième année.
Au début, nous avons des cours théoriques puis nous appliquons nos bases sur des projets plus concrets comme : créer un parfum, imaginer un restaurant, faire une affiche de film, etc.
Au terme de ma première année, j’ai bifurqué vers le graphisme. J’ai enchaîné 4 ans dans l’école, pour aboutir à un diplôme de direction artistique.
La direction artistique est tout ce qui relève de la création de l’image: que ce soit par le biais de la photo, du graphisme, du dessin, de la mise en page de texte…

Chaque élève a évolué vers des profils différents, selon ses affinités. C’est difficile d’être fort partout.
J’ai progressivement réalisé que j’aimais par dessus tout l’illustration et le dessin.
Aujourd’hui tu es illustratrice en freelance. Comment t’es-tu lancée ?
Avant d’être diplômée, je ne pensais pas pouvoir vivre de l’illustration. J’imaginais le cliché de quelqu’un qui est seul chez lui, qui fait des livres pour enfants et qui a du mal à gagner sa vie.
Puis en suivant d’autres illustrateurs, je me suis rendu compte que c’était un métier très démocratisé ! J’ai apprécié la variété des aspects différents de ce métier comme : réaliser des visuels pour des magazines, des marques de vêtements, de produits alimentaires, des objets, des livres ou encore des projets web…

J’ai donc commencé en 2016 un CDI à mi-temps dans une agence de communication, spécialisée dans l’agriculture. Je réalisais des illustrations pour le site, les réseaux sociaux, des magazines, des flyers, mais également des travaux graphiques. Je faisais appel à toutes mes compétences.
Ce rythme à mi-temps me convenait bien car j’avais du temps pour me construire un réseau et travailler en freelance à côté.
Puis il s’est terminé en décembre dernier, à cause de la COVID-19.
Par la force des choses, je suis donc passée en freelance à temps complet.
As-tu des exemples de projets sur lesquels tu travailles ?
Être illustrateur, c’est plonger chaque personne dans une histoire qu’il imagine. Chaque détail apporte un indice. Mon univers est très reconnaissable, j’aime faire découvrir des personnages pleins de chaleur, et une faune réinventée.
Voici quelques exemples de réalisations :
- Création de l’identité visuelle de la marque Enfin ! : c’est un très beau projet car je supervise et crée tous les visuels : web, packaging, cartes,…
- Des collaborations pour du textile : illustration pour vestes, chaussettes, des motifs de shorts de bain Vaca Loca
- Des illustrations pour la presse : Glamour, Marie France, Koï Magazine, Psychologies, Néon,…
- Les illustrations d’un livre pour enfants. Un ami a écrit les textes et nous venons tout juste de signer avec un éditeur
- Des covers pour des podcasts, …
J’ai la chance de faire un métier de ma passion. Quand je dessine, je suis détendue, apaisée.
Généralement je fais d’autres choses en même temps, comme écouter des podcasts.
Je suis toujours très heureuse de voir mes créations prendre vie, de pouvoir les toucher et les garder précieusement quand je les reçois.
J’imagine que travailler en freelance ne doit pas toujours être facile, quelles sont les difficultés qu’il faut être prêt à affronter ?
Le métier de freelance peut être vu comme un rêve car je vis de ma passion. Mais il faut savoir qu’il y a quelques aspects négatifs, inévitables.
- Premièrement, il ne faut pas être anxieux à propos du salaire. Il y a des périodes pleines de projets, durant lesquelles je travaille non-stop, et d’autres où je n’ai plus rien. Ces moments-là ne sont pas faciles à gérer, je me mets forcément à douter.
- Ensuite, il y a une grande partie d’administratif et de relations commerciales. Je dois contacter de nouveaux prospects, gérer mes clients et les rémunérations.
- Enfin, je fais face à beaucoup de refus, ou de projets qui n’aboutissent pas. Ma plus grosse déception est d’avoir réalisé des illustrations pour un livre pour enfants qui n’a jamais vu le jour.
Dans ton métier, la créativité est une qualité importante. L’imaginaire se travaille et se développe. Comment trouves-tu ton inspiration ?
Dès le réveil, je réfléchis à plein de choses. Les idées fusent, les dessins viennent d’eux-mêmes.
J’ai toujours en tête des images et ma gamme colorée. Je ne suis jamais en manque d’inspiration et c’est une chance! Je me laisse donc porter par mes envies créatives à chaque instant.

Certains pourraient conseiller de toujours faire une veille des artistes du moment. Mais je ne préfère pas être influencée par les autres. Il y a énormément de problèmes de propriété intellectuelle dans l’illustration, il faut toujours penser à créditer un travail, le rémunérer à juste titre et ne jamais s’attribuer le travail d’autrui.
Je m’inspire alors beaucoup d’illustratrices qui ont des univers différents du mien et qui sont inspirantes par leurs personnalités.
J’aime évoluer dans une communauté bienveillante entourée de femmes talentueuses. Le féminisme d’ailleurs, trouve une place toujours plus grande dans mon travail. Cela me permet de rencontrer de super personnes, d’échanger, de s’apporter des projets, et même d’évacuer nos doutes.
Les bons conseils de Blandine pour devenir illustrateur(trice) en freelance :
- Toujours prendre du temps pour soi, pour s’entraîner, créer du contenu et ainsi apprendre à connaître son style. Par exemple, je réalise souvent des motifs, ou illustrations juste pour moi, mais qui peuvent me servir pour prospecter des clients potentiels.
- Cela me permet alors de construire mon personal branding, c’est-à-dire, ma propre marque. Il est important d’avoir une vision claire de ses forces, de son style et de ses objectifs pour communiquer clairement auprès des prospects.
- Pour être visible, je fais la promotion de mon travail sur les réseaux sociaux et mon site internet.
- Je suis également toujours en veille, pour trouver de nouveaux clients. C’est une étape qui demande beaucoup de persévérance. Cela prend du temps, mais il ne faut surtout pas se décourager, savoir être persévérant et ne pas se laisser impacter par les rejets. Par exemple, sur Instagram, quand je regarde du contenu, j’enregistre des marques et je fais des sessions de prospection de mails.
- Lorsque je dois définir mes tarifs, c’est souvent source d’hésitation. Parfois le client a un budget défini (et là c’est facile) mais parfois il faut aussi dévisser. Je m’en remets souvent aux conseils d’amies illustratrices ou sur ce super blog.
- Et enfin, je conseille aux jeunes illustrateurs de ne pas hésiter à poser des questions aux anciens. C’est cool de cultiver une communauté bienveillante qui répond aux questions et qui rebooste.
